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Pourquoi pas, plutôt... Après une expérience peu "dans le dialogue" avec un éditeur professionnel, une grande fille indépendante comme moi ne pouvait que se jeter sur les nouveaux outils à disposition des auteurs d'aujourd'hui : notamment la possibilité de glisser gratuitement son manuscrit sur des plateformes qui permettent à ses lecteurs de choisir entre version papier et version électronique, puis publier sitôt qu'on a terminé sans qu'on vienne nous dire qu'il faut ajouter une scène hot ou retirer un passage politiquement incorrect... L'auteur peut également choisir librement le prix qu'il estime juste, avec en corollaire non négligeable, le fait qu'il touche trois à sept fois plus de redevances que les 10, 8, voir 4% du prix de vente générés par son livre lorsqu'il passe par un éditeur classique où tout le monde (éditeur, imprimeur, diffuseur) se sert avant lui (sans lequel pourtant le livre n'existerait pas !)

Bien sûr l'auteur-entrepreneur doit faire son boulot... d'éditeur ! Un métier évidemment, même s'il l'apprend sur le tas. Il s'agit trouver pour le texte des relecteurs et un correcteur professionnel (fut-il électronique), de travailler avec un-e graphiste inspiré pour réaliser une couverture alléchante, de placer l'ouvrage correctement sur le site de vente (les robots d'Amazon ne sont pas très ouverts au dialogue non plus : un demi-millimètre de trop dans la couverture qu'on tente de leur faire gober et les voilà qui boudent, empêchant toute publication, la patieeeeence que ça demande !). Soutenu par les réseaux sociaux, l'auteur planche aussi en solitaire pour assurer la promotion et la diffusion de son BB, organiser des événements autour de lui; bon ça, faut avouer de toute manière que peu d'éditeurs - actuellement en mode survie - trouvent encore le temps de le faire !

Et quand je dis solo, c'est loin d'être exact :

Il règne une grande solidarité entre auteurs Indés : des Jacques et Jacqueline Vandroux, des Charlie Bregman, des Chris Simon et tant d'autres multicompétents ont rédigé blogs et tutoriels gratuits, ainsi que moult ebooks très accessibles pour expliquer les astuces de l'autoédition aux nouveaux venus. Ils montrent souvent également une disponibilité - dont on n'a plus l'habitude à notre époque - pour cornaquer les plus "jeunes" auteurs. Merci à eux ! 

Personnellement, je reste émerveillée par le fait qu'aujourd'hui, on trouve sur le web tant d'inestimables ressources et d'outils pour imaginer et apprendre mille nouveaux métiers. On s'éloigne chaque jour davantage de l'époque ou les guildes obligeaient le futur artisan à payer l'Eglise pour avoir le droit d'exercer son métier (!). Il en va de même pour les musiciens, les artistes-peintre, les inventeurs de toute sortes, les réseaux leur permettent de diffuser leurs oeuvres sans intermédiaire. Le monde est en train de changer de manière hallucinante, et malgré le fait que je ne sois pas née avec une tablette comme nounou, ça me plaît de participer ainsi à ce grand mouvement liberateur de créativité !

Ne manquez pas l'excellent TTC d'Aline Inhofer au sujet des auteurs Indés, sur l'ubérisation des milieux de l'édition (titre de travail !)

Crédit photo: Felix Broennimann (pixabay.com)