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J'ai tremblé comme une feuille (de papier) pendant que deux Jacques - pas n'importe lesquels - lisaient simultanément Eternelle. Que mon papa, mes amis, quelques hypersensibles et autres indigos saluent avec enthousiasme un roman aussi atypique, c'est une chose (déjà fabuleuse, merci à eux !), mais quand deux personnalités reconnues en Suisse romande et bien au-delà comme le philosophe, écrivain et ancien recteur du collège Saint-Michel Jacques de Coulon ou le fondateur de l'Hebdo et du Nouveau Quotidien Jacques Pilet, journaliste des journalistes, me demandent de leur soumettre mon bébé... J'ai passé 15 jours à me torturer : vont secouer des têtes navrées devant ces histoires de défunts communiquant via des médiums, détester l'héroïne qui épingle religions et médias, s'énerver devant des personnages affirmant sans détour qu'on crée notre réalité, bref me prendre ouvertement pour la cinglée que je n'ai jamais cessé d'être... incroyable ce que le mental d'une nana comme moi peut bâtir comme scenarii, de préférence à l'heure du foie !

 

Au moment où je n'y croyais sincèrement plus et commençais à me résigner à force de méditer mâchoires serrées (cherchez l'erreur), voilà que je reçois par courriel le retour de chacun d'entre eux, mille fois plus élogieux qu'attendu.

Jacques de Coulon : "J'ai eu la chance de lire ton roman juste avant le décès de mon papa intervenu au début de la semaine dernière. Et maintenant Cléo m'aide à faire mon deuil : j'imagine mon père volitant de ci de là dans des lieux magiques et en train de rire de nos petits tracas d'ici-bas. Ton livre me fait beaucoup de bien, il m'aide à combler un vide et devrait accompagner toutes celles et ceux qui viennent de perdre un être cher pour leur remonter le moral. Ceci dit, "Eternelle" est plein d'humour, de couleurs et de sensibilité. En le lisant, j'avais l'impression d'évoluer dans un tableau de Bruegel ou de Jérôme Bosch. Un tableau vivant. Bref, je me suis régalé et j'ai beaucoup ri. Bravo aussi pour les trouvailles stylistiques. Par contre, s'il fallait mettre un petit bémol, j'ai un peu moins aimé les discours philosophiques parfois péremptoires d'Omano et d'Azamé alors que le livre, justement, ne donne pas de leçons et demeure dans une lumineuse évocation. Et il faudra que l'on discute une fois de la teneur philosophique de leurs propos. Quant à la fin, j'ai adoré. Merci encore Christine, pour ce livre roboratif et rafraîchissant. Une vraie réussite."

Jacques Pilet : "J'ai lu ton livre avec plaisir, étonnement, parfois un brin d'irritation, mais surtout avec le sentiment d'être plongé dans une oeuvre totalement originale. Je n'ai jamais rien vu de semblable ou d'approchant. C'est formidable. Oui, j'ai été parfois un peu désemparé devant ces allers et retours dans le temps, dans l'espace, entre ici, là-haut et ailleurs. D'autant plus que les personnages sont nombreux et quelque peu évanescents. Mais l'exercice est fascinant: on se prend à imaginer ce que serait son propre voyage..."

Venant de la part de deux personnalités romandes parmi celles que je respecte le plus... QUEL IMMENSE CADEAU!

Moi qui, après des décennies de travail sur soi, m'étais crue dispensée du besoin de reconnaissance... Je suis touchée, émue, bousculée jusqu'aux tréfonds. Pouvoir soutenir - même qu'un tout petit peu - quelqu'un en deuil, susciter une réflexion imaginative chez un lecteur, ne serait-ce qu'un simple délic chez un autre... Existe-t-il une autre raison d'écrire pour un auteur ?
Contrairement à ce qui m'agitait dans les articles précédents, Eternelle n'est pas là pour "marcher"... mais pour cheminer !
Quelque chose en moi s'apaise enfin.